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Tibet 87, renaissance ou illusion… 40 ans plus tard on peut parler “d’un effet d’illusion” !
(Dza-Patrül -1808-1887)
mandala de la Quintessence des Dakinis (mkha'gro yang thig) collection peinture de Dilgo Khyentsé R. (Tashi Peldjör)
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...les fonctionnaires du Tibet central, tout en essayant de réaffirmer l’autorité du gouvernement, pâtissaient de leur mépris envers les gens rustres et hardis de cette région. Un même dédain s’étendait à la population de l’Amdo, qui, en se moquant d’eux-mêmes en des termes choisis par les habitants raffinés de Lhasa, prirent le surnom de « mendiants de l’Amdo » (Amdo pango). Ainsi, au début du XXe siècle, le Tibet était profondément divisé géographiquement, politiquement et psychologiquement. p. 50
Imperturbablement attaché à ses structures médiévales dans un monde moderne, le gouvernement tibétain ne fit aucun effort pour s’adapter. Par crainte de modernisation, presque aucun étranger n’y fut admis, et même les jeunes Tibétains qui revenaient d’un stage en Angleterre avec des connaissances techniques furent empêchés d’agir. p. 80
Tyrannie réactionnaire ecclésiale moyenâgeuse, incapable d’adaptation à l’évolution des temps et d’appréhender les fonctionnements d’un état dans la “modernité”, la fenêtre des possibles dans le début du XXe siècle c’est refermée avec l’arrivée au pouvoir en Chine de Mao Zedong et sa politique totalitaire en 1949.–
— Nul n’a encore réussit à « chanter une épopée de la paix » ! Pourquoi la “Paix” n’a-t-elle rien d’exaltant ?
Et pourquoi est il si difficile de la raconter ? — — — — ... extrait de dialogues de ce film* remarquable à notre avis, et ce à plus d'un titre ...! « Les Ailes du désir »
Bruno Ganz
“ce qu’aucun ange ne sait ...”
Solveig Dommartin *(film de Wim Wenders – 1987)
L'exercice de la méditation se vit sous l'exigence de cette conscience orientée vers la transparence.
Lorsqu'on se propose de pratiquer la méditation sans objet, il est très important de comprendre la relation entre Orient et Occident. Ce qui peut ensuite nous permettre de comprendre les différences entre bouddhisme et christianisme. L'Orient s'intéresse à ce qui est opposé à toute distinction, c'est-à-dire à ce qui est un. Et de l'autre côté, l'Occident s'intéresse à la dualité, à la relation “moi-toi”. En réalité, il s'agit d'une apparente contradiction en nous-mêmes. Ces deux positions sont les deux aspects d'une même chose. C'est ce que le taoïsme symbolise dans le Yin et le Yang. Bien sûr, si j'expire je ne peux pas, en même temps, inspirer ! Et si j'inspire je ne peux pas, en même temps, expirer ! Mais, Homme vivant, je vis de ces deux mouvements sans pouvoir exclure ni l'un ni l'autre. La rencontre avec l'Orient pour un Occidental ne deviendra fructueuse que dans la mesure où il comprend que ce qu'il rencontre, c'est son ombre. C'est-à-dire un pôle de lui-même dont il n'est pas encore conscient. Il ne faut pas exclure un côté pour être fidèle à l'autre. La Vie est un dialogue entre ces deux pôles que “je suis”*.
Nous vivons une époque où nous devons dépasser ces querelles qui conduisent à devoir se décider pour ceci ou pour cela. Il faut faire la différence entre l'expérience mystique et la théologie. Chacune a son bon droit et nous pouvons mettre l'accent sur l'une ou sur l'autre. Mais nous ne pouvons exclure ni l'une ni l'autre ! Nous sentons aujourd'hui qu'une théologie durcie dans des images vole à ceux qui cherchent le sens profond de la vie la possibilité d'une expérience. Je respecte les “-logies” qui seront toujours nécessaires**. Je ne conteste pas les grands symboles comme la Sainte Trinité. Mais la racine vivante de ces symboles sera toujours l'expérience du cœur de l'homme. La réalité dont il est question dans les religions est une réalité de la rencontre.
[...]
La jeune génération commence à prendre au sérieux l'expérience personnelle. C'est ainsi que l'on réconcilie l'Orient et l'Occident en soi-même. “Non pas en faisant une grande soupe mais en voyant très bien les deux côtés et en observant que les uns ont mis l'accent plutôt d'un côté et que les autres ont mis l'accent plutôt de l'autre côté.” --- * (ou : dans “autre” est “je”) **(...plus ou moins !) [n. du transcripteur] p.p.159-160
« ...l'homme est son corps ! On me demande encore parfois si l'expérience mystique est une expérience spirituelle ou corporelle. Cette distinction n'a pas de sens. Dans une telle expérience, je suis touché d'une certaine façon. Dans une expérience mystique c'est la personne entière qui est touchée. » « ...Je ne me sens pas conditionné par une religion, mais pourtant par “une sorte de religiosité”, ce qui est autre chose ! » Une religiosité sans appartenance ni adhésion à une confession particulière définit assez bien la proposition que nous fait Graf Dürckheim lorsqu'il nous invite à nous mettre en chemin. Il a toujours dit : « Mon travail n'est pas chrétien... mais il n'est pas non chrétien ; mon travail n'est pas bouddhiste... mais il n'est pas non bouddhiste ! » En même temps il respectait totalement votre appartenance à telle ou telle confession. Et il invitait tout aussi bien le catholique et le protestant que l'athée à prendre au sérieux les expériences dans lesquelles se révèle l'Être. « L'expérience de l’Être est accessible à l'Homme non pas parce qu'il est chrétien ou bouddhiste mais parce qu'il est un Homme !! » Ainsi, le christianisme rétrécit la vision de la transcendance en demandant la foi en Jésus-Christ qui représente l'achèvement du cheminement religieux. Le bouddhisme, l'hindouisme, le shintoïsme sont d'autres exemples d'une conception étroite de la transcendance. Le danger de ces conceptions étroites est de faire de la transcendance une “propriété privée” !! Graf Dürckheim nous rend attentifs à ce danger en répétant : « La transcendance est le berceau de toutes les religions mais la transcendance n'appartient à aucune religion. » p.p. 30 à 32
LE CHEMIN OU LA GRÂCE ? Pour le chrétien, au centre de tout ce qui lui arrive, il y a la dimension de la grâce. Toujours encore le monde chrétien met en question l'idée d'un chemin où l'homme œuvre lui-même. Mais c'est un malentendu de croire que pour l'Orient la grâce n'existe pas. Au contraire, chaque maître oriental vous dira que ce qui est important sur le chemin, vous ne pouvez pas le faire à partir de vos propres forces. Mais que vous pouvez engager vos forces afin de vous ouvrir à la chance d'une expérience. Ces expériences dans lesquelles on est touché par l'Être nous arrivent aussi à nous Occidentaux, que nous soyons chrétiens ou non. Ce que nous devons apprendre, c'est à les prendre au sérieux. Nous devons savoir que le chemin commence avec une expérience dans laquelle l'Homme a senti quelque chose qui non seulement libère mais en même temps représente un appel. Le chemin commence là où nous sommes attentifs à ce que notre profondeur demande et exige. Ensuite le chemin est fidélité à l'exercice. p. 165
Mon intérêt pour le zen En ce qui concerne le point de vue religieux de mon travail, je n'ai jamais discuté de problèmes théologiques mais je me suis occupé de l'expérience religieuse. Je me suis occupé de ce que j'appelle la religiosité vivante. Et aussi du cheminement, de la discipline, de l'ascèse qui favorisent et permettent une telle expérience. Tout d'abord je voudrais bien éliminer un malentendu, qui, si jamais il existe encore, fausse la compréhension de mon enseignement. Jamais je ne me suis considéré comme étant un maître zen ou comme enseignant une pratique zen. Il est vrai que j'ai passé une dizaine d'années au Japon. Ce qui m'a intéressé en Extrême-Orient ce n'est pas le bouddhisme mais ce qu'on pourrait appeler la religion universelle de l'homme qui, en tant qu'être humain, a sa racine dans la transcendance. Où qu'on aille, quelle que soit la tradition religieuse qu'on aborde, nous pouvons reconnaître les expériences et les chemins communs. Ces expériences communes révèlent ce qu'il y a d'universel dans un contenu particulier. Ce qui m'a intéressé dans le zen n'est pas le contenu bouddhiste mais le principe universel que ce contenu particulier révèle. p. 47
...devant, les expériences intérieures, les expériences personnelles. Je parle d'une expérience religieuse au-delà des religions. L'interprétation de l'expérience mystique semble différente dans les diverses traditions religieuses. Mais nous devrions comprendre que ces différences qui caractérisent les races, les traditions et les cultures sont en fait des façons d'interpréter la même expérience. Pour l'homme qui est enfermé dans l'espace-temps, l'Être qui est au-delà de l'espace et du temps passe à travers un prisme qui reflète d'une façon différente ce qui nous unit tous. Pour les uns, la lumière est perçue dans le rouge, pour d'autres, dans le vert. Et chacun identifie la vérité à sa couleur particulière. Un peu comme si, dans une cathédrale, on identifiait la Source Lumineuse à ce qui est déformé par les vitraux. Mais sur le plan le plus élémentaire ou sur le plan le plus élevé, on retrouve le plan de l'expérience profonde. Là, on se comprend sans paroles. Si deux personnes se rencontrent sur un plan primal, elles se comprennent au premier instant. Il suffit de se regarder dans les yeux, sans plus, et on sait que l'autre a faim ou soif. Le plan suivant est celui des conditionnements par la race, la langue, la culture, la tradition religieuse, les valeurs, etc. Impossible de se rencontrer sur ce plan ! C'est par exemple l'impossibilité d'accorder la tradition orientale et la tradition occidentale. Dans notre tradition, il y a le Père, Dieu le Père. Dans la tradition orientale, il y a le Grand Tout. Ne pourrait-on pas dire que le Père est, dans la tradition orientale, le Tout du Tout ? Et que devenir parfait comme le Père veut dire : « Devenez le Tout du Tout ! » Comme la poupée de sel, redevenez l'océan au-delà de toutes distinctions. Tout ce qui vous distingue du Père, effacez-le. La forme n'est qu'illusion puisque la statue de sel disparaît en redevenant l'océan. Des centaines de millions de gens pensent ainsi. Nous devons avoir une attitude bienveillante et nous demander sur quelle expérience repose cette conception. Parce que les religions séparent les hommes, mais l'expérience religieuse les unit. Et le travail œcuménique ne donnera rien tant qu'on essaiera de rapprocher les paroles dans lesquelles on a durci les interprétations de l'expérience. C'est seulement lorsqu'on se rendra compte du fonds commun des expériences que l’œcuménisme fera un pas. Le reste est effort perdu. La position occidentale est le oui à la création. L'autre moitié de l'humanité souligne l'importance de la dissolution de toutes formes. Ces deux positions s'excluent comme s'excluent l'inspiration et l'expiration. Nous ne pouvons pas, dans le même temps, inspirer et expirer. Mais peut-être faudrait-il comprendre que nous respirons de ces deux façons de voir. C'est un mouvement dialectique perpétuel et, selon la tradition, l'accent sera mis plutôt d'un côté ou plutôt de l'autre. Nous devons être très prudents et ne pas fixer une opinion définitive. L'Occident a le Dieu personnel ; l'Orient a l'Absolu au-delà de tout. Mais si un Occidental ne projette plus ses désirs et ses craintes sur une image, ce qu'il rencontre dans une expérience profonde est-il vraiment une Personne ? Et que savons-nous de l'expérience d'un Oriental ? Est-ce qu'il n'y a pas dans cette expérience profonde une voix qui l'appelle ? De même, regardez prier une paysanne allemande dans son église et regardez prier une paysanne japonaise dans son temple. Où est la différence ? De plus en plus, je distingue l'expérience religieuse qui est commune à tous les hommes parce que l'Homme est l'homme, et l'interprétation de l'expérience qui est différente d'un homme à un autre. p. 61 - 64 et 65
Le Centre de l'Être, L'intérêt pour la méditation Un ami japonais qui avait lu mon livre vient me voir et me montre une liste de phrases reprises chez de grands mystiques de la tradition zen. Et à ma surprise ces phrases étaient littéralement les mêmes. On doit donc reconnaître que si l'homme est capable de percer les différentes couches de ses conditionnements personnels et collectifs, il arrive à toucher quelque chose qui est identique pour tous les hommes. Si l'homme ne tombe pas dans le piège de vouloir immédiatement interpréter son expérience en termes de sa tradition ou de sa culture et qu'il se contente d'une expression spontanée, celle-ci sera toujours et partout la même. Au fond ce n'est pas étonnant, l'homme est l'homme ; la réalité est la réalité ; le divin est le divin ! Alors au fond on devrait toujours et partout trouver la même chose. Les différences sont celles de l'interprétation de l'expérience. Interprétation qui investit la culture, la tradition, la maturité personnelle. Mais ce qui importe est de se rendre compte qu'il y a quelque chose en commun. Ce fonds commun se révèle dans l'expérience mystique. Une autre objection, c'est de dire que ce n'est que subjectif parce que ce ne sont que des sentiments humains, ce ne sont que des émotions de l'homme. Cette réduction au ce n'est que rend compte d'un problème très grave pour l'homme actuel. Nous sommes tous imprégnés par l'idée d'une réalité objective telle que l'envisage la science. Et dans le sens où en parle Descartes, nous considérons une réalité objective à côté de laquelle la réalité du sujet n'est que subjective. On ne peut pas baser la réalité d'une expérience sur ce qui, dans les sciences, représente une source d'erreur ! En Occident, nous nous développons entre deux réalités : celle de la science qui a pour base l'expérience naturelle et celle de la foi qui a pour base la révélation supra-naturelle. Et, en regard de ces deux réalités, ce que vous éprouvez en tant qu'homme, en tant que sujet, n'est que subjectif ! Attention, ce n'est que subjectif par rapport à la science et à la foi. Mais on oublie cette réalité qu'est l'homme-sujet. Chacun de nous a sa réalité en tant que sujet. Pour reconnaître cette réalité de l'homme-sujet, il faut retirer les lunettes de l'homme de science et les lunettes du théologien. Parce que ces deux autorités représentent une source d'erreur pour ce que je vis, ce que je sens, ce que je ressens. Le sujet n'est pas une réalité qui peut être mise en question par l'aspect objectivant des sciences. Le sujet n'est pas une réalité qui peut être mise en question par l'aspect dogmatique de telle ou telle religion. Nous devons accepter l'homme en tant que sujet. Cet homme-sujet, c'est-à-dire la personne humaine, embrasse aussi la réalité des sciences, mais jamais l'esprit scientifique ne pourra embrasser l'homme en tant que sujet. Toujours là où on parle d'une expérience mystique, il s'agit d'une expérience qui dépasse les expériences ordinaires. Toujours là où l'homme est touché par la transcendance, il éprouve quelque chose de paradoxal par rapport au “moi”, par rapport à sa vie ordinaire. Paradoxal ne veut pas dire que ce qui est éprouvé est un superlatif de ce qu'on a déjà expérimenté. Ce n'est pas une expérience d'une plus grande intensité ou d'une plus grande profondeur ; c'est autre chose. Quel est le cadre existentiel qui favorise une expérience de la transcendance ? Il y a tout le champ des détresses humaines. Quelles sont les détresses que l'homme rencontre dans sa vie ? Il y en a trois. C'est la mort, la peur de la mort. Chacun de nous peut, s'il est honnête, avouer la peur de la mort qui le prend à partir de “l'ego” naturel. L'ego, c'est sa nature instinctive, veut vivre et survivre. La maladie, la souffrance, tout ce qui met notre vie en question représente l'ennemi ! La seconde grande détresse de l'homme est la rencontre avec l'absurde. C'est ce qui met en question les valeurs qui donnent sens à notre vie ; ce qui enlève le sens à l'existence. L'absurde pousse l'homme au désespoir. Toute notre existence, nous cherchons le sens de notre vie dans des valeurs telles que la culture, une certaine forme de civilisation, une éthique, un ordre, une légalité. Lorsque ces valeurs sont mises en question, l'homme est confronté à l'absurde et connaît la détresse. La troisième détresse est l'isolement. L'homme est ainsi fait qu'il cherche le dialogue. Il est, comme le disait Aristote, un animal social. Toute sa vie, il cherche l'autre, la communauté dans laquelle il sera reconnu et pourra se mettre à l'abri. Sans ce contact, il connaît la grande tristesse. Le thérapeute reconnaît dans ces trois détresses la source des névroses avec lesquelles il a à faire. C'est l'homme qui est toujours plus ou moins angoissé parce qu'il a toujours peur de quelque chose. Ou celui qui n'a pas trouvé un sens à sa vie, qui n'a jamais pu s'affirmer en tant que personnalité. Enfin, c'est l'homme qui a manqué de contacts dans son enfance, il souffre toute sa vie d'un manque de contacts, c'est l'homme plutôt triste. En quoi ces détresses ont-elles à voir avec l'expérience de la transcendance ? Parce que l'homme qui est plongé dans l'une ou l'autre de ces détresses peut, d'un seul coup, se sentir libéré ! Comment cela est-il possible ? Lorsque l'homme fait ce qu'il ne peut pas faire sur le plan du “moi naturel”, accepter l'inacceptable. Il y a quantité d'exemples chez des hommes, des femmes, qui sont au seuil de la mort. L'acceptation de l'inacceptable est un des stades par lesquels passent ceux qui s'approchent de la mort. C'est ce moment où toute angoisse disparaît et un grand calme fait place à l'agitation, à la nervosité. C'est ce moment où la personne est enveloppée par une grande sérénité ; tout est en ordre, il n'y a plus de soucis. Un état d'être qui situe l'homme au-delà de ce qu'on appelle la vie et de ce qu'on appelle la mort. Cette expérience peut prendre celui qui doit supporter un accident inattendu, brutal. Pour un moment le prend cet autre état d'être, paradoxal en regard de la réaction du “moi naturel”. Trop souvent une telle expérience ne reste qu'un souvenir étrange. On ne lui donne pas l'intérêt qu'elle mérite. Très souvent on doute de ce qu'on a expérimenté, senti, ressenti en se disant que ce n'est sans doute que subjectif. Or, des milliers de personnes ont vécu de tels moments. Lorsque je fais une conférence il y a toujours une personne qui s'approche pour me dire que, à partir des exemples que j'ai donnés, elle se souvient d'une expérience à laquelle elle n'avait jamais donné d'importance ! Il est vrai que nous ne sommes pas éduqués à prendre au sérieux ce que nous sentons. De telles expériences peuvent donner la mesure de toute une vie. Parce que l'horizon du “moi naturel” a été dépassé d'une façon authentique et légitime. Et en tant que sujet nous avons été touchés par une autre réalité, la réalité transcendante. De même dans une situation qui vous confronte avec l'absurde. L'homme qui n'a rien fait de répréhensible et qui subit les affres d'une erreur judiciaire est confronté à l'absurde. C'est tout simplement insupportable. Et voilà que si l'homme fait ce que sur le plan du “moi naturel” il ne peut pas faire, accepter l'inacceptable, il vit une expérience qui le met au-delà de l'absurde. Il peut vivre un moment de clarté et au cœur du non-sens existentiel il trouve le sens essentiel ! Cette clarté dépasse la dualité sens et non-sens que nous connaissons sur le plan de notre vie ordinaire. Dans la confrontation avec la mort, l'homme qui vit l’expérience de ce qui transcende la vie et la mort est immergé dans un état de force. C'est un moment d’ouverture à la force essentielle dans la faiblesse du “moi naturel” existentiel. De cet état de force émane un grand calme. Dans la confrontation avec l’absurde, l’homme qui vit l’expérience qui transcende le sens et le non-sens est immergé dans un état de lumière. C’est un moment d’ouverture à l’ordre universel dans ce qui représente le non-sens sur le plan de “l'ego”. De cet état de lumière émane une grande sérénité. Se révèle une sagesse qui dépasse tout savoir humain. Dans cette situation où on se sent abandonné, peut-être même trahi, il n’y a plus rien, c'est l'isolement total. Ici encore, si l’homme a cette grâce d’accepter sa situation inacceptable, il peut être plongé dans un état d'amour, une sensation d’union avec tout. Il se sent dans un état d’amour, comme il se sentait dans un état de lumière, dans un état de force. De ce contact avec tout émane une profonde joie de vivre. On ne peut pas envisager une telle expérience sur le plan de la causalité. Ce qu’on peut dire, c’est qu'au moment même où l'homme abandonne les prérogatives instinctives et rationnelles de son “moi”, il s'ouvre à une puissance transcendante. De cette puissance transcendante s'origine une force transcendante, un ordre transcendant et un amour transcendant. C’est une chose étonnante de s'apercevoir que ces qualités sont celles que l’homme a toujours attribuées à ses dieux dans le polythéisme et à son Dieu dans le monothéisme : la puissance, la sagesse et l’amour. Qualités qui émanent du tréfonds de son être, de son Être essentiel. p.p. 82 à 86
Il y a trente années donc, nous avons vécu un événement fort et signifiant, “les rencontres de personnes de bonne volonté” pour évoquer les déclinaisons de ce que pouvait évoquer le mot « Paix » pour les uns et les autres, paix de l’esprit, de la conscience, la paix en soi-même, le temps de paix entre les conflits, grands et petits ; lorsque les rivalités exacerbées règnent et que l’esprit de fraternité n’est pas cultivé dans le quotidien… “l’arbre de paix ne peut croître”, mais s’étiole et dépérit. Ces rencontres sur le haut de la Côte de Jor en Dordogne (commune de Saint-Léon-sur-Vézère) le 24 août 1991* faisaient une suite, certes beaucoup plus modeste et beaucoup moins médiatisée, à celles d’Assise d’octobre 1986, mais dans le même esprit, surtout y intégrant à part entière la “société civile” aux côtés du monde clérical.
Avons-nous été bien inspirés d’y avoir contribué et d’être là ? Quelque peu “candide” ? Cela reste à voir, nous ne savons pas vraiment … toujours est-il que trois décennies plus tard, alors que probablement peu de référents mémoriels à ce sujet subsistent, il nous est apparu de quelque utilité de remémorer cet événement qui pour notre part restera ancré dans notre humble vie de “citoyen lambda”.
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Dialogues des Herméneutiques du monde, réflexions et « mise en résonance »*, autour des traditions et diverses “perceptions du Réel” (dites scientifiques ou philosophiques)
STRATÉGIE DE SURVIE , ENCORE ET TOUJOURS (extrait du "carnet") Un homme que j’accompagne depuis plus de vingt ans me parle de ce qu’il observe de sa « stratégie de survie » telle qu’elle se manifeste sur le vif, à travers des réactions intérieures et extérieures. Ce qu’il y a de remarquable avec cette fameuse stratégie de survie, c’est qu’elle peut s’énoncer en quelques phrases, lesquelles n’auront rien d’extraordinaire pour un auditeur non averti, et qu’elle ne bouge pas au fil des années, des décennies, de l’existence toute entière. Elle ne se modifie en rien. Ce que cet homme perçoit maintenant avec tant d’acuité était là il y a vingt ans. De fait, nous l’avons déjà abordé ensemble à maintes reprises, et presque dans les mêmes termes. Ce qui change, ce n’est pas la stratégie c’est sa conscience à lui du degré auquel cette stratégie le manipule. En pratique, cette stratégie n’est rien d’autre que l’ego et le mental au niveau du noyau, la façon dont l’ego et le mental se sont cristallisés chez cette personne particulière. C’est précisément pourquoi la prétention à émerger du principe ego est naïve. L’ego n’est pas un principe, c’est chez chacun de nous un fonctionnement certes régi par des lois impersonnelles s’appliquant à tous (l’ego-centrisme) mais qui s’articule de manière quasi unique chez chacun. Voilà aussi pourquoi la distinction entre psychologie et spiritualité s’avère au final artificielle. Il y a bien un « niveau spirituel » à distinguer du « niveau psychologique ». Mais dès lors qu’il s’agit de « Travail » de « liberté », les deux s’interpénètrent continuellement. Oui, le niveau spirituel en lui même n’est pas affecté par le niveau psychologique ; oui ce niveau spirituel est en lui même radicalement libre, non dépendant, non inscrit dans le temps, l’espace, l’histoire … Et l’erreur fatale consiste à croire, encore une fois naïvement si on y réfléchit ,qu’une forme humaine (donc une personne) pourra en tant que forme fonctionner dans le monde des formes à partir de ce niveau spirituel sans que quoi que ce soit de la forme interfère et colore. Erreur qui amène à considérer (ce qui est bien pratique) que l’ « éveil » se passe de tout contexte et donc à négliger, même pas le travail « psychologique » mais tout simplement … le « Travail », le travail sur cette matière humaine à travers laquelle le niveau spirituel va s’exprimer, se manifester. Cette négligence conduit à tous les abus, à toutes les illusions, à toutes les « chutes » malheureusement si fréquentes dorénavant chez nombre d’enseignants se voulant « éveillés ». Ils ont négligé le contexte, voire utilisé « l’éveil » comme un alibi pour s’économiser le « travail ». Dangereuse négligence à moyen terme. J’ai relu récemment des notes prises il y a quelques années à propos de ma propre « stratégie de survie ». Et j’ai été frappé de constater comment tout était déjà clairement articulé dans ces notes. Et comment, pourtant, il m’est nécessaire d’y revenir, encore et encore, tant qu’il en reste ne serait ce que des bribes actives. En vérité, sur la voie, on ne fait que tourner autour du noyau, en cercles concentriques. On tourne autour, on s’en rapproche. Plus on s’en rapproche plus c’est « chaud ». Jusqu’à traverser le dit noyau. Le trou de l’aiguille. Voir le traverser plusieurs fois car il a la vie dure. C’est cela « le travail ». Combien de personnes pourtant sincèrement touchées par « la voie » ne le soupçonnent pas encore ? Et ce travail se situe tellement à l’opposé des fascinations actuelles pour l’immédiat, la soi disant approche « directe ». Comme si il existait des approches "indirectes" empruntées par quantité de pauvres gens tenant absolument à perdre leur temps ...
... et puis il y a l'échec "d'une vie spirituelle", plus ou moins flagrant en particulier dans sa toxicité, dont on fait l'impasse, que l'on passe sous-silence, car cela n'est pas bon pour le "business sacré" !
L'ouverture des soirées chamaniques ; « Terrasse de l'Amitié » - du 28 et 29 juillet 2000 à Montignac
« Cosmosapiens » vient de la terre et écoute le cosmos. Il est « l'Enfant du Troisième Millénaire ». La terre était UNE. Éclatée en cinq continents, elle veut, par l'esprit véhiculé de la conscience de « Cosmosapiens », retrouver son unité, dans une perception consciente vaste. Karom Thomasson
Au début du spectacle "Cosmosapiens", notre planète Terre/Mère* exprime sa souffrance (pollution, épidémies et pandémies, manipulations génétiques, racisme, violence, guerres, disparition d'espèces animales et végétales...). Un chamane (Karom) effectue alors un “voyage de restauration de pouvoir”. Il en rapporte cinq offrandes de cinq peuples représentant les cinq continents (groupes de danseurs invités), c'est-à-dire les cinq parties de “Cosmosapiens, enfant du troisième millénaire”. Cosmosapiens est le symbole d'une humanité à venir consciente et respectueuse de son environnement, consciente de la place véritable qu'elle occupe dans l'Univers. Au travers de cet enfant du futur, le chamane offre “la guérison” à la communauté grâce à l'unité retrouvée avec le cosmos, avec la nature, avec lui-même, avec la planète Terre*. Il incarne la fraternité entre les différentes ethnies, la mondialisation dans le respect des cultures les plus anciennes de la planète... Il est le trait d'union entre le plus lointain passé (Lascaux/Pech Merle/Chauvet et bien d'autres !) et l'avenir (le troisième Millénaire). Cosmosapiens est “l'Esprit gardien” qui a déserté l'humanité malade, et que le chamane rend à la terre/mère* (groupe Aborigènes, le sixième continent). Alors, guérie, celle-ci se lève, chante et danse. Australopithèque, Homo Habilis, Homo Erectus, Homme de Néandertal, Homo Sapiens, l'Humanité avance, peut-être vers... Cosmosapiens ? Le spectacle de « Cosmosapiens » est une interprétation artistique qui s'inspire de la récente hypothèse selon laquelle les grottes ornées du paléolithique seraient des traces de rites chamaniques (Voir «Les Chamanes de la préhistoire» Jean Clottes et David Lewis-Williams [1])
Djunawong Stanley Mirindo
(avec ma dernière fille à 11 ans !)
Wayne Jowandi Barker, (Originaire des ethnies Yawuru Djarbirr du Kimberley et joueur exceptionnel de didjeridoo)
------------ * Pachamama dans le concept matriciel de l’Amérique Latine
et
« Ce que vous aurez délié sur Terre » “La disparition d’une mère”, Véronique Loiseleur/Desjardins
Ce thangka de la tradition rNying-ma-pa montre au centre le Bouddha Sâkyamuni tenant dans sa main gauche le bol à aumône (skr. Pâtra). En haut, au milieu, l'Âdibouddha Samantabhadra (tib. Kun-tu-bzang-po) uni à sa blanche Prajnâ. En haut, à gauche, le Guru Padmasambhava (tib. Padma 'byung-gnas) et, à droite, le bleu Dhyânibouddha Aksobhya avec le Vajra (tib. Mi-'khrugs-pa). Au bas du tableau, à gauche sur un trône de lotus, le blanc Bouddha Vajra-sattva (tib. rDo-rje sems-dpa') et à droite la verte Târâ. Au-dessous et au centre, entourées d'une aura de flammes, les déités tutélaires Vajrapâni (tib. Phyag-na rdo-rje) et le rouge Raktayamântaka (tib. gShin-rje-gshed dmar-po). illustration n° 12 page 52 https://www.babelio.com/livres/Lauf-Lheritage-du-Tibet-nature-et-signification-de-la/572904/critiques/527230
(« Mipham Rinpoché », grand érudit tibétain de l'école Nyingma, disciple de Dza Patrül)
Khyabjé Dilgo Khyentsé fin des années 1980 à la Sonnerie en Dordogne, lors d'une abhisheka (transmission) de Padmasambhava
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* Qui est transmis par l’écoute, l’imitation et la mémorisation. Couramment concomitant au caractère oral d'un phénomène. Les traditions orales sont des traditions aurales : elles sont basées sur une culture de l'oreille.
Dialogues des Herméneutiques du monde, réflexions et « mise en résonance »*, autour des traditions et diverses “perceptions du Réel” (dites scientifiques ou philosophiques)
« … la foi est une “affaire personnelle”. et cela ne devrait pas être utilisé pour “mobiliser des groupes”. » « Que vous suiviez cette religion ou cette religion, c’est une question strictement personnelle. Nous ne devrions pas trier, tenter de mobiliser ou grouper .. ou (dire) nous bouddhistes, nous hindous ou nous musulmans etc... Ce n'est pas bon. ! »
« The Tibetan leader who is widely seen as an egalitarian figure spoke on varied issues including the promotion of oneness of humanity in line with one of his major commitments. “If we consider each of the seven billion human beings as our brother and sisters, many of the problems will reduce. If (there) is too much emphasis on ‘we and they’, or even among religious believers, my religion and their religion, so that’s the source of problem,” the Dalai Lama said. »
« Être “une belle personne” transcende l'idée que nous nous faisons de la religion ; exprime le Dalaï Lama dans la vallée de la Nubra au Ladakh »
« La transformation intérieure n'est pas une question de "foi ou de prière". Cela implique la raison et l'utilisation de l'intelligence humaine. Un esprit calme et sain est d'un effet très positif sur notre santé physique et notre bien-être »
« La situation actuelle de l'homme occidental est une forme d'existence qui s'éloigne de plus en plus de son Être essentiel. L'esprit occidental a créé une civilisation qui invente tout ce qui est possible pour gagner en liberté. Mais, ce faisant, l'homme devient prisonnier d'une immense organisation qui commence à bouger selon ses propres lois. Et l'homme, pour ne pas être écrasé par cet immense robot qu'est le monde des objets et des techniques, doit s'adapter. En s'adaptant, l'homme devient de plus en plus une chose, un objet. Il a une fonction et devient un fonctionnaire à haut rendement. Mais lui, être humain, est ignoré et s'ignore. Notre civilisation efface l'humain dans l'homme. L'individu est effacé. Il est reconnu dans ce qu'il sait, dans ce qu'il a et dans ce qu'il peut mais il est méconnu dans ce qu'il est. L'homme-objet a effacé l'homme-sujet. Il est réduit au fonctionnaire du monde objectif qui doit fabriquer des objets, les vendre et les acheter. Où est l'homme-sujet ? Il suffoque. Et précisément parce qu'il suffoque, il s'éveille. Il se rebelle. Mai 68 est un cri qui s'enracine dans cette souffrance de l'homme-sujet qui veut être reconnu. p. 75 ---- Au-delà des religions existe le chemin intérieur individuel. Le mystère ne s'ouvre qu'à celui qui a le courage d'un réalisme empirique. En disant cela, je sais que je risque d'être mal vu par beaucoup de gens ! Pour les représentants de l'Église chrétienne, l'idée d'un initié au sens oriental, c'est-à-dire l'homme éveillé à son Être essentiel, n'existe pas ou n'apparaît pas comme importante. L'expérience de l'Être, ce que l'Orient appelle satori, n'a pour celui qui professe la foi chrétienne que peu d'importance. Quand elle n'est pas envisagée avec méfiance. Une grande partie du monde scientifique, psychologique et politique refuse ces expériences dans la crainte de l'attaque de leur système par une force qui est au-delà de tous les systèmes parce que transcendante. Mais ils ne pourront pas s'opposer à cette révolte de l'essentiel qui représente tout à la fois une réponse à une situation personnelle, une réponse actuelle en rapport avec notre temps et une réponse universelle parce qu'elle correspond à un nouveau degré de la maturation humaine. p. 76 ---- Nous devons avoir une attitude bienveillante et nous demander sur quelle expérience repose cette conception. Parce que les religions séparent les hommes, mais l'expérience religieuse les unit. Et le travail œcuménique ne donnera rien tant qu'on essaiera de rapprocher les paroles dans lesquelles on a durci les interprétations de l'expérience. C'est seulement lorsqu'on se rendra compte du fonds commun des expériences que l’œcuménisme fera un pas. Le reste est effort perdu. » p. 65 le coin des citations
Note du 02 novembre 2020 Car aujourd'hui nous voyons se développer aussi une forme d'œcuménisme a rebours, renversant l'esprit “des rencontres d'Assise”, dans un véritable état de subversion. Un exemple :
Les "amitiés signifiantes" de Lama Jigméla (ou les dérives intégristes de certains clergés) : 2015 rencontre-interreligieuse à Dhagpo Kagyu-Ling en Dordogne.
L'archevêque a-t-il une idée du personnage qui est derrière son dos ! (Il fait l'objet d'une information confirmée par le parquet de Périgueux : « L’enquête a été confiée à la brigade de recherche de Sarlat », précise Solène Belaouar, procureure le 21 mai 2021 pour des faits remontant aux années 1995 et 2008)
« Émerger de l'Insatisfaction Nous pouvons penser que la renonciation a quelque chose à voir avec des observances religieuses, que l'étude des enseignements spirituels et la pratique de la méditation feront de nous un vrai renonçant. Ce n'est pas nécessairement vrai. En effet, si quelqu'un critique votre engagement, [...] y réagir par la colère prouvera que vous n'avez pas développé une once de renoncement. C'est même le signe que vous faites main basse sur la religion comme vous le feriez sur tout objet sensoriel ordinaire. Autrement dit, par votre attitude de saisie, vous avez transformé une pratique spirituelle en une autre forme d'attachement ordinaire. »
Dans notre pays de France, la notion de blasphème est "nulle et non avenue" depuis la loi votée le 29 juillet 1881 garantissant la liberté d'expression, de critique afin de lutter contre les totalitarismes à la pensé unique de tous bords ! Ce terme de "blasphème" vient d'une époque archaïque et est révolue en soi ! La dérision "cultivée" depuis « Le Tartuffe ou l'Imposteur » de Molière est inscrit dans notre culture, que cela plaise ou non et protège des abus de pouvoirs institutionnels en les dénonçant sous forme de parodies (quand bien même elles seraient parfois de mauvais goûts par manque de talent ?), qui ne sont reçues comme outrageantes que par des personnes qui n'ont strictement rien compris à une authentique démarche et vie spirituelle digne de ce nom et véhiculant des intérêts de tout ordres et on ne peut plus douteux !